Comme Rubens avant lui, l’Italie révèle Van Dyck à lui-même. Au cours de ce voyage, son art de portraitiste arrive à maturité. Il devient, par ailleurs, le « pittore cavalieresco », incarnation du peintre gentilhomme qu’il aspire à devenir : son Autoportrait nous le montre sûr de lui jusqu’à l’arrogance, s’inspirant à la fois de l’art de Raphaël et de celui de Titien. C’est la même vision prestigieuse et ennoblie de l’Artiste qui sous-tend l’admirable Double portrait des frères de Wael, effigie de collègues et d’amis.

École universelle des arts, l’Italie, parcourue de Gènes à Rome et de Venise à Palerme, stimule le jeune maître qui étudie, fasciné, l’art des portraitistes du siècle précédent, les Bergamasques et les Vénitiens surtout, au premier rang desquels Titien. Il bénéficie également de l’émulation suscitée par l’intense vie artistique à Rome au tournant des XVI^ème et XVII^ème siècles.

Van Dyck se lance alors dans la production de portraits remarquables par leur dynamisme qui placent le modèle « en situation » et introduisent l’action ou l’illusion du naturel dans la représentation de l’être : par exemple, l’artifice d’une conversation permet à l’artiste de saisir pour chacun de ses modèles un instant de vie qui le révèle.

A Gênes, marchant dans les pas de Rubens, il devient le peintre favori des patriciens de l’orgueilleuse cité et parvient même à surpasser son illustre devancier en trouvant un compromis impossible entre la célébration de la grandeur et une imperceptible animation au sein du caractère solennel du portrait d’apparat (Portrait de Porzia Imperiale et de sa fille Maria Francesca).